Transfert (Pictorama 1 & 2)

Pictorama puis Transfert (Pictorama2) sont nés de la volonté de raconter des histoires.
«Tu seras prévenu du jour et tu devras t’y trouver. »
Emprunts de mélancolie et de noctambulisme, c’est entre le coucher du soleil et son lever que ces photographies d’un monde sombre et lumineux à la fois sont prises.
Les portraits sont ceux de personnages livrant un instant, une émotion. S’attachant à la singularité et l’humanité de l’autre, ils sont simples et posés.
Paysages et natures mortes sont chargés de gravité et de noirceur. Ils offrent des perspectives, des lignes de fuite portant le regard au loin - ou l’arrêtant brutalement.
L’évocation du voyage et de la destination y est très présente.
Les éléments (l’eau, l’air, la pierre et le feu), chargés de leurs symboliques, sont intégrés en un lieu, un territoire domestiqué ou sauvage : la ville, la campagne, la forêt.
Chaque histoire est portée par l’idée de la rencontre : rencontre singulière et forte avec des lieux déserts, avec des hommes et des femmes.
Je pars du postulat de cette expérience commune à tous, pour développer une histoire sur plusieurs photographies.
Chacune d’elle est prise à un temps et un lieu donnés : coordonnées uniques d’espace et de temps. Ces juxtapositions offrent la narration simultanée de plusieurs photographies que l’esprit a la faculté de fondre en une seule histoire.
Il y a ainsi à travers chaque planche, un espace-temps global, multiple, défini et indéfini à la fois.
Les associations poussent l’esprit à accepter une histoire suggérée.
Oppositions, concordance ou convergences sont utilisés le plus simplement possible : dans le fond et dans la forme.
Transfert : déplacement dans l’espace et le temps ; en psychanalyse, transférer sur un sujet les caractéristiques d’un autre sujet sans en avoir conscience.
«Tu seras prévenu du jour et tu devras t’y trouver. » :
Cette phrase est extraite des correspondances du Petit Didi.
Ecrites entre 1938 et 1942 depuis un internat pour enfants tourmentés, ces lettres s’adressaient à sa mère et sa grand-mère.
© Barbara Hyvert